Focus sur les barrages de Nationale 2 avec le match entre Langon (4eme / Poule 1) et Fleurance (5eme / Poule 2), deux clubs qui se ressemblent, deux clubs dont les dirigeants, coachs et joueurs respectifs vont s’évertuer à en faire une grande fête du rugby. Nicolas Dupouy, coach du côté du Gers à l’AS Fleurance, qui clôturera une belle aventure sur le banc de son club de cœur nous a accordé un entretien pour nous parler tant de cette rencontre que de cette saison 2023-2024.

On peut dire que les printemps se suivent et se ressemblent du côté du Gers puisque c’est la 3eannée consécutive que l’AS Fleurance est en play-offs ?
Oui, 3e année consécutive que l’AS Fleurance est en play-offs et 2e année consécutive en Nationale 2. L’objectif de base est rempli mais maintenant, nous sommes de gros compétiteurs et on a toujours envie de faire mieux que la saison précédente. La première année s’était arrêté au premier aller / retour contre Rennes, l’an dernier, on a perdu aux tirs au but en ¼ de finale et cette fois, on va espérer et croire d’aller le plus loin possible cette année.

Est-ce que l’expérience de l’an passé avec un barrage en terre hostile, dirons-nous, à la Seyne suivi d’un ¼ de finale à Saint-Jean de Luz qui, comme tu l’as dit, s’est joué aux tirs au but avec l’ironie du sport, vous a quand même donné un certain bagage ?
Ça nous a donné beaucoup plus d’expérience que par le passé. La première année en Fédérale 1, on avait déjà été surpris sur le match de Rennes où on avait pris une déculottée et malgré une superbe victoire au match retour à Fleurance, on n’avait pas pu passer le premier tour. L’an dernier, on est donc arrivé en terre hostile en tant que 6e face à un 3esans trop de pression mais avec beaucoup d’intentions, on a plus ou moins réalisé un match parfait puisqu’on avait pris un carton rouge à la 35e minute et du coup, on a joué à 14 pendant toute la 2e mi-temps plus une partie de la 1ère. Le dénouement est tombé du bon côté ce qui nous a lancés dans ces phases finales qui se sont ensuite conclues par une défaite aux tirs au but en ¼ de finale face à Saint-Jean de Luz, qu’on avait déjà rencontré 2 fois, sur des ex-aequo parfaits au match aller en termes de nombre d’essais, de pénalités et autres. Au match retour, c’était pile ou face, c’est tombé du mauvais côté pour nous mais par contre, c’était une expérience supplémentaire pour le groupe et j’espère qu’on saura s’en servir dimanche.

Si on regarde dans le rétro de cette saison, Fleurance finit une place au-dessus de la saison dernière puisque vous terminez 5es au lieu de 6es ?
Exactement. Il y avait un premier objectif qui était de se qualifier et un second qui était de faire mieux que la saison précédente, on peut dire que sur la partie championnat de base, on aura mieux fait vu qu’on finit 5es contre 6es l’année d’avant. Le challenge est cependant plus relevé que l’année dernière puisque, pour faire mieux, il faudrait que l’on passe deux tours (rires). On va prendre étape par étape et on va essayer de réaliser ce dernier objectif.

La Nationale 2 est divisée en 2 poules, l’une dite de l’est et l’autre dite de l’ouest et L’année dernière, vous étiez à l’ouest avant de passer à l’est cette année. Quelle est la différence de philosophie de jeu qu’il y a entre ces deux poules, car il y a quand même une différence dans les pratiques de jeu ?
Je les ai trouvées totalement différentes. Pour la poule de l’ouest que l’on a connue l’an dernier, c’est un rugby avec beaucoup plus de mouvements et beaucoup plus aéré avec, pour moi, des temps de jeu qui sont beaucoup plus longs et un cumul de minutes sur un match qui est plus important aussi. Sur cette poule de l’est, on est vraiment tombé sur un rugby de conquête où il faut être très costaud devant mais aussi être très pragmatique dans un rugby très efficace ce qui nous a permis de progresser sur tout ça car ce n’étaient pas forcément nos points forts de base. C’est du rugby différent, nous, on a quand même essayé de garder notre philosophie ce qui nous a permis de finir dans les 6 premiers.

Dans cette poule dite « de l’est », quelle est l’équipe qui t’a le plus impressionné ?
Paradoxalement, c’est celle qui a fini 3e et c’est Nîmes. C’est l’équipe qui a le plus de joueurs avec des facteurs X et qui, pour moi, est le plus en place mais qui, par moment, ronronne un petit peu et n’arrive pas à tuer ses matchs, qui a souvent beaucoup d’avance mais qui se fait rattraper. Elle aurait dû gagner sur nos terres il y a un mois ou 3 semaines de cela mais qui n’a pas su tuer le match et on a su revenir. C’est pour moi l’équipe qui est le plus de potentiel pour être armée et monter en Nationale 1.

Et dans la poule de l’ouest, quelle est l’équipe que tu redoutes le plus ?
J’ai envie de dire que dans cette poule de l’ouest, pour les 6 équipes qui se sont qualifiées ou, du moins, les 5 premières, elles sont très homogènes avec un rugby très différent. On a eu l’expérience de Rennes, je ne sais pas comment ils sont aujourd’hui car je ne les ai pas trop étudiés à l’inverse de Langon et Niort que l’on regarde depuis maintenant 3 semaines car on savait plus ou moins qu’on allait tomber contre l’une ou l’autre. Du coup, on a vu un petit peu Salles, Rennes aussi, on avait eu l’expérience de Salles en match amical chez nous en début d’année où on avait pris une belle déculottée et il n’y avait rien à dire, c’est une équipe qui joue très bien et qui est très complète. De ce que j’ai pu voir, je dirai que cette équipe de Niort est celle qui m’impressionne un petit peu le plus dans la poule 1 et ensuite, je suis quand même admirateur du niveau offensif de l’équipe que l’on va rencontrer dimanche et qui est Langon.

On va justement parler de Langon. Tu parlais de l’expérience en play-offs et eux aussi en ont une puisque l’année dernière, en Fédérale 1, ils sont allés chercher un bouclier ?
Oui, ils ont une expérience qui est hors du commun et hors normes. Ils ont démarré les phases finales l’an dernier et ils sont allés jusqu’au bout, les joueurs qui étaient présents la saison passée tout comme les joueurs qui les ont rejoints connaîtront parfaitement ces phases finales. En plus, ils auront la chance de par leur parcours sur la phase régulière de recevoir ce barrage qui est sec. Il y a donc en effet beaucoup d’expérience du côté de Langon sur les phases finales mais de notre côté aussi et je pense que ça va être un magnifique match de phases finales avec en plus le temps qui sera là à la clé et ça va se jouer sur des détails.

Est-ce que tu peux nous analyser un peu cette équipe de Langon ?
Pour l’avoir maintenant bien, bien regarder, c’est une équipe qui est très complète, on le voit notamment par ses résultats à la maison avec 6 bonus offensifs, une seule défaite. C’est une équipe qui a la meilleure attaque de la poule 1, très forte sur les ballons de récup et très forte dans le désordre, qui aime porter le ballon. Je comprends mieux pourquoi c’est une équipe qui est allée au bout des phases finales l’an dernier car dès qu’ils ont le ballon, ils sont dangereux, quand ça part de loin, ils sont dangereux, quand ils ont des ballons de récup, ils sont dangereux. Je trouve cette équipe offensivement très dangereuse.

Et avec un duo Hamacek / Cabannes qui a aussi su insuffler quelque chose ?
Bien évidemment car en plus, ils ont quand même récupéré une équipe qui n’était pas descendue mais qui était au bas du classement de Fédérale 1 et qui, du coup, n’accédait pas à le Nationale 2. Sans trop le connaître, je pense que sportivement, c’était un club qui était un petit peu malade mais ça a été de suite relevé par ce duo de coaches qui avaient déjà fait leurs preuves ailleurs, pas ensemble mais chacun de leur côté. Les résultats ont parlé de suite et ils parlent encore.

Langon et Fleurance sont aussi deux clubs qui se ressemblent beaucoup ?
Oui, ils se ressemblent beaucoup car ça reste des petits clubs et des petits poucets de la Nationale 2 qui, malgré tout, finissent 4e et 5e et qui, sportivement, terminent devant certains clubs qui devraient être des cadors de la Nationale 2 et qui ont de plus gros budgets mais qui ont une entité rugby depuis des années, qui sont rugby et qui resteront rugby. Ce sont en effet des clubs qui se ressemblent, il y a beaucoup de monde qui va au stade à Langon, il y a des repas d’avant-matchs, c’est un petit peu comme on peut le retrouver chez nous dans le Gers.

Pour toi, ces play-offs seront une grande séquence émotion et un happy end puisque tu vas arrêter tes missions à l’AS Fleurance. J’imagine que tu as envie de finir de la meilleure des façons ?
C’est spécial, c’est très spécial car chaque jour qui passe, on se dit que la fin peut vite arriver et on n’a pas envie que ça s’arrête. C’est mon club formateur, mon club de cœur, ils m’ont permis de passer 5 années fantastiques comme manager puis comme co-entraîneur. Je sais que, potentiellement, c’est terminé dimanche soir ou dans trois semaines ou plus tard donc il faut vraiment vivre les moments à 300%, prendre du plaisir que ce soit dans l’entraînement, la préparation ou après, pendant le match, essayer de rester le plus pro possible et derrière, la séquence émotion aura le temps de prendre sa place. Il faut vraiment rester focus pour apporter le plus possible aux joueurs cette semaine et ensuite, pendant le match, quand on aura des consignes à leur donner.

Quel est le plus beau souvenir que tu emporteras avec toi de l’AS Fleurance ?
Le plus beau souvenir en tant que coach que je garderai en mémoire avec Fleurance, et il pourrait y en avoir plusieurs, mais la victoire à La Seyne la saison dernière est quelque chose de très fort. On était vraiment attendus comme des petits poucets, on nous prédisait la mort là-bas et j’ai eu une fois de plus des garçons qui ont été plus que courageux et rugby à fond. On aura eu un voyage qui aurait quand même été à raconter pendant des années, on a crevé avec le bus à 5 km de l’arrivée et de l’hôtel sur l’autoroute, on a gagné à La Seyne, on a fait fumer le bus au retour et, en fait, ça a lancé un périple fantastique pour nos phases finales de l’an dernier. C’est le souvenir qui ressort et celui que je garde le plus en mémoire et j’espère qu’il y en aura peut-être un autre qui arrivera.

C’est tout le mal que l’on te souhaite avec également une belle fin d’histoire avec l’ASF
Merci beaucoup.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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