Ce vendredi, tout les regards seront tournés du côté de la cité de Carcassonne et du Stade Domec, car il y a un match de Nationale à ne louper sous aucun prétexte à savoir le 3eme round du Classic‘Aude. Défaits courtement à Narbonne (14-10), les hommes du duo Aué/Escribano sont dorénavant focus sur la rencontre de demain à Domec avec l’objectif de revenir dans la course au top 2. Jean-Marc Aué, le manager carmausin de l’USC, nous a accordé un entretien pour nous évoquer cette rencontre mêlant rivalité locale, ferveur, enjeux sportifs, et amitié.
On va commencer par poser le contexte de ce Classic’Aude. Ce n’était pas un classique il y a quelques années mais là, avec cette saison, on peut dire que les Narbonne / Carcassonne sont maintenant scrutés de près car il y a toute une ambiance, tout un folklore et tout un chapelet de galéjades autour de ce match ?
Oui, complètement (rires). Je crois qu’on a lancé ce derby pour quelques temps j’espère et, en tous cas, ça donne beaucoup de frissons à tout le monde, beaucoup d’adrénaline et surtout, ça alimente les discussions de comptoirs et de tour de stade donc c’est plutôt très bien et tout ça autour d’un match de rugby.
Quand on est entraîneur, des matchs comme ça sont à la fois simples et compliqués à préparer ?
Exactement. C’est simple parce qu’on a l’impression que les joueurs sont dans le match avant de le commencer et sont déjà très concentrés toute la semaine. Le côté compliqué, c’est d’essayer de démystifier un petit peu l’événement, de sortir du contexte de toute la pression qu’il peut y avoir autour, notamment médiatiquement. En tant qu’entraîneur, ce sont plutôt de belles émotions et bien sûr que c’est quand même plus facile de préparer un match comme ça qu’un match classique, même si ça reste un match de rugby comme les autres qui durera 80 minutes et qui, comme tous les autres matchs, va se jouer à 15 contre 15. C’est aussi tout ce qui permet de faire vibrer et ce qu’on aime dans ce métier.
On va parler du match de vendredi dernier en commençant là-aussi par le contexte. Jouer devant 8 000 personnes en Nationale, c’est quand même bonnard ?
Ah oui, c’est top ! Il y a eu de belles émotions avant, pendant et un peu moins après pour nous parce qu’il y avait la défaite mais oui, c’est chouette. C’est chouette qu’il y ait 8 000 personnes sur des compétitions comme ça, c’est un vrai derby avec deux équipes du même département, des joueurs qui ont joué dans les 2 camps. Au-delà du match, il y a quand même un vrai enjeu pour un place qualificative en phases finales et cet enjeu donne encore plus de piment à ce match qui avait pourtant bien débuté. J’ai beaucoup aimé notre entame de match où on marque un bel essai au bout de 2 minutes et qui nous a aussi prouvé que nous étions prêts sur des événements d’une telle envergure.
Au-delà de la fin avec ce geste un peu ubuesque de ton demi de mêlée, qu’est-ce qu’il a manqué d’autre à Carcassonne pour aller arracher la victoire en terre narbonnaise ?
Il a manqué de précision dans les détails, comme dans tous les matchs de haut niveau qui se jouent à pas grand-chose. On mène 7 à 0 au bout de 2 minutes, on doit re-marquer un essai dans les 5 minutes qui suivent qui aurait sûrement mis le score à 14-0 au bout de même pas 10 minutes et je pense que le match aurait été différent, voire presque plié. Ça, c’est un premier fait et le 2e, c’est qu’on mène 10 à 8 avant la mi-temps, on a une pénalité quasiment face aux poteaux à 25 mètres qu’on joue rapidement et, du coup, on perd le ballon. Sur cette perte de balle, il y a une pénalité pour eux dans les 25 mètres de notre côté pour les Narbonnais avec en plus un carton jaune contre nous. De 10 à 8, on peut passer à 13 à 8 juste avant la mi-temps, je crois que c’était à la 35e mais on se retrouve à 11 à 10 en jouant en plus à 14 et c’est aussi l’un des tournants du match. J’ai eu l’impression qu’on aurait pu plier le match rapidement et qu’on aurait dû être devant au score même à la mi-temps. Ça ne l’a pas été et à la sortie, je pense qu’on le perd à cause de ces petits faits, il y a bien sûr aussi le geste incompréhensible de notre demi de mêlée et donc, tous ces petits détails font qu’on n’a pas gagné le match.
On a beau avoir un joueur de 85 sélections qui a fait une demi-finale de Coupe du Monde, le sport reste irrationnel et humain avec des personnes qui peuvent être faillibles. Ton demi de mêlée a ce geste où il perd un peu les pinceaux et le fil du match, ça montre que tout est possible dans le sport ?
Complètement. C’est un joueur aux 85 sélections, demi-finale de Coupe du Monde avec l’Argentine et un geste incompréhensible que même lui a du mal à expliquer donc tu comprends bien que le manager que je suis a du mal à trouver les raisons de ce geste fou mais qui a quand même des conséquences négatives pour nous. Ça prouve bien que, comme tu le dis, ce ne sont pas des robots et que l’erreur humaine existe encore. Tant mieux qu’elle existe et tant pis pour nous qu’elle soit de notre côté.
L’erreur humaine, c’est aussi ce qui fait la beauté du sport ?
Bien sûr et ça prouve aussi qu’il y a toujours cette insouciance mais aussi ce côté qu’on ne connaît pas le sort d’un fait de match, qu’on ne maîtrise pas toujours et qui fait également la beauté de ce sport. C’est l’inconnue d’un match et même si nous, coaches, on imagine des scénarios, il y en a toujours un qu’on n’avait peut-être pas imaginé et celui de la 80e minute à Narbonne, je ne l’avais sûrement pas imaginé !
Il vous manque un point pour être sûr d’être dans les 4 premiers mais j’imagine que du côté de Carcassonne, on a un peu plus d’ambition et qu’on vise les 2 premières places, en chasse derrière Albi et Nice ?
Il nous reste 2 matchs dont ce fameux retour de Narbonne et un dernier déplacement à Hyères-Carqueiranne La Crau. On sait qu’il ne nous reste que ces 2 matchs et pas beaucoup de points à prendre mais aujourd’hui, on est devenu ambitieux et on espère, pourquoi pas, essayer d’accrocher une 2e place. Ça nous permettrait de sauter un tour, de recevoir une demi-finale à Domec ce qui n’est pas rien, quand on voit l’engouement qu’il peut y avoir sur un match de poule comme Narbonne, j’imagine que faire une demi-finale à Carcassonne remplirait une fois de plus notre stade. Il pourrait aussi y avoir des objectifs de fin de saison un peu différents de ceux qu’on avait depuis le mois d’Août.
Depuis le match contre Albi il y a quelques semaines de cela, on a l’impression que Carcassonne est revigoré. Est-ce que la défaite à Albi a été un déclic ?
Oui, je peux te dire oui car je me souviens des mots très durs que j’ai eus avec les joueurs le lundi matin, 48 heures après le match d’Albi. J’avais été dur avec les joueurs mais j’ai eu l’impression que cette semaine-là, après la défaite d’Albi, a été un déclic. Dans la foulée, on a fait un gros match et de bonne prestance avec du contenu contre Périgueux et depuis ce match de Périgueux, on joue différemment, on marque beaucoup que ce soient des essais ou des points et on n’en encaisse pas beaucoup, on a aussi une très bonne défense. Même si j’entends souvent que l’attaque et les ¾ de Carcassonne sont toujours moins bons que les autres, moi, aujourd’hui, je parle de l’équipe et oui, depuis le match d’Albi, l’équipe de Carcassonne joue mieux et elle est beaucoup plus efficace. C’est donc plutôt de bon augure pour la période qui nous attend à savoir celle des phases finales.
Quels ont été le leitmotiv de la semaine et le mot d’ordre pour cette réception de Narbonne ?
Récupération, fraîcheur mentale et objectif de gagner parce qu’on a perdu la première manche et qu’il y a eu beaucoup de frustration de ce match. Du coup, il y eu beaucoup de réglages toute la semaine, pas beaucoup d’entraînements longs et une envie que ça arrive rapidement. J’ai envie de te dire qu’on est dans les startings depuis la fin du match à Narbonne (rires).
Même si pendant 80 minutes, et même avant les matchs, Narbonnais et Carcassonnais se « fritent » comme on dit dans le jargon et si j’ai de bons échos, après le match, c’est de la franche camaraderie ?
Oui, complètement, c’est le bon côté de notre sport qui, j’espère, durera des années et des années. Il y a une vraie guerre de combat et de suprématie pendant 80 minutes sur le terrain et une fois que c’est terminé, ça s’arrête et tout le monde se retrouve à la buvette et à la réception autour d’un verre. Ça permet de retrouver des amis, de la famille, des potes et c’est comme je te le disais tout à l’heure, j’ai retrouvé Anthony Hill et Gilles Belzons qui m’attendaient impatiemment après le match à Narbonne. On s’est tous retrouvé et c’est aussi le charme de ce sport, je suis tellement content qu’on arrive à faire la différence entre les deux, un match, c’est un match et quand ça se termine, la vie continue. Tu vas surtout avec les gens que tu as envie de retrouver, que tu gagnes ou que tu perdes, tu retrouves toujours ceux que tu as envie de retrouver et ça, c’est top.
Merci, on finira sur ces belles paroles en te souhaitant de passer un bon Classic’Aude et surtout une belle fin de saison pour l’US Carcassonnaise
Merci à toi.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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