Focus grand angle sur l’avant-dernière journée de Nationale 2 dans la poule 1, avec les nordistes de l’Olympique Marcquois Lille Métropole (5eme) qui débarquent chez les sudistes du Sporting Club Graulhetois (8eme). Pour nous parler de ce match entre des ch’timis qualifiés et des occitans en quête de valider leur maintien , Morgan Champagne, l’entraîneur de l’OMR nous a accordé un entretien où l’ex formateur du RC Massy nous a livré une analyse sur le contexte général de cettte fin de saison.
C’est ta seconde saison en pays chtimi et on peut dire que tu as définitivement pris tes marques à l’OMR ?
Oui, complètement, je ne parle pas encore le langage du nord mais ça se passe très, très bien. J’ai été remarquablement accueilli, j’ai mes repères, la vie est très agréable ici, les gens sont sympas et on a un club qui bouge donc c’est cool.
Qu’est-ce qu’il y a comme différences entre le rugby massicois et le rugby nordiste ?
Tout, c’est à dire que le projet n’est pas au même avancement, les mentalités sont différentes, on sait que c’est neuf ici mais à l’écoute et avec l’envie d’avancer et de bien faire. A Massy, le projet était déjà très, très avancé quand je suis arrivé et il l’était encore plus quand je suis parti. C’est différent, c’est un peu plus neuf, il y a un peu plus d’innocence dans tout.
A Massy, on sait qu’on excelle dans la formation et dans la détection. Est-ce qu’en arrivant à l’OMR, tu as un peu mis ton nez là-dedans aussi ?
Non, on n’a pas beaucoup, beaucoup de temps. On échange régulièrement avec le responsable de la formation, on a des réunions dans le cadre du projet club donc on se voit assez régulièrement là-dessus, on essaye d’avancer. Il y a des choses qui sont transposables et des choses qui ne le sont pas, l’environnement est complètement différent ici, il y a pas mal de clubs mais ça manque cruellement de techniciens, il y en a mais clairement pas assez dans la région du Nord. Malgré tout, il y a un vrai potentiel humain, il y a tout pour que ça réussisse, il y a les infrastructures, c’est un département qui est très dense, c’est l’un des départements les plus peuplés de France, il y a beaucoup de jeunes donc il y a tout pour.
On va maintenant parler du sportif avec un bilan sur les deux saisons. L’année dernière, vous venez mourir à fleur des play-offs et cette année, à deux journées de la fin, vous avez le ticket en poche. Qu’est-ce qui a changé à l’OMR pour arriver à ce résultat-là ?
Disons déjà que nous sommes dans la continuité de ce qu’on a voulu faire l’année dernière. Il y a eu moins de recrutements, il y avait quasiment une quinzaine de joueurs qui étaient arrivés l’année dernière tandis que là, il y en a eu moins. Le projet de jeu a un peu évolué mais est resté sensiblement le même, moi, sur la conquête, il n’y a pas forcément eu de grosses nouveautés, juste des évolutions logiques dans le projet. Donc, en fait, on a mieux attaqué que la saison dernière où on avait assez mal commencé le championnat et où on s’est rendu compte que c’était compliqué si tu attaquais mal le championnat, on le voit cette année avec le Bassin d’Arcachon qui a fait une mauvaise première partie de saison et c’est ensuite assez compliqué de revenir. Notre objectif était donc de bien, bien démarrer le championnat, on a quasiment été dans les qualifiables depuis le début de saison et c’est plutôt cool par rapport à ça. On a eu un effectif un peu plus dense en début de saison mais on a eu beaucoup de blessés dernièrement d’où le fait qu’on a été un peu en difficulté sur quelques matchs en janvier et février, surtout sur le mois de février. Là, on commence à récupérer du monde donc on est un peu mieux et on sort d’une performance assez aboutie contre Salles.
Parlons-en de cette performance face au leader des sangliers sallois. Est-ce qu’on peut dire qu’il s’agit d’un match référence pour l’OMR ?
Non, pas tout à fait. Ce n’est pas un match référence, on a été bien 60 minutes et les 20 dernières ont été très moyennes avec beaucoup, beaucoup de fautes, beaucoup d’en-avants, un en-avant dans l’en-but et autres. On n’a pas été capables de jouer 80 minutes donc je ne pourrais pas dire que c’est un match référence mais il y a eu du mieux par rapport à nos derniers matchs, c’est une certitude. On a été capables d’être cohérents 60 minutes et l’idée maintenant est d’arriver à faire un peu plus que 60 minutes.
Où se trouve la marge de progression à l’Olympique Marcquois ? Dans la capacité à glaner un peu plus de points en-dehors de vos bases ?
Bien sûr et puis, même si on a perdu à la dernière minute contre Rennes à domicile, il faut être capables de faire des matchs pleins à domicile. Au match aller contre Graulhet, on était mené à 10 minutes de la fin, la même chose contre Anglet, on n’est pas capables même à domicile d’être dominant du début jusqu’à la fin ni de prendre des bonus offensifs comme le font les 4 premiers du classement. Je pense que la différence est essentiellement là et ensuite, il y a effectivement notre capacité à nous déplacer et à prendre des points partout. On a été capables de gagner à l’extérieur en faisant de vrais matchs sérieux mais sur quasiment tous les autres matchs que l’on a perdus, à part Anglet d’où on a ramené un point, les autres équipes prenaient le bonus off. On n’a pas été capables de bien attaquer les matchs, ou de bien les finir, ça dépend mais en tous cas, cette capacité à se déplacer et à ramener des points est importante.
On arrive sur Graulhet, l’adversaire du week-end. Comment est-ce que tu juges la saison graulhetoise ?
Je les trouve toujours aussi dangereux. On a regardé leur match contre Salles et ils ont fait un sacré match avec une capacité à pouvoir jouer sur les extérieurs, à envoyer du jeu, avec un paquet solide et des joueurs qui ne lâchent rien et qui s’y filent vraiment. Pour moi, ils sont dans la continuité de l’année dernière avec peut-être un peu plus de joueurs capables de faire la différence individuellement même si la saison passée, ils avaient Kevin Boulogne tout au long de la saison qui leur avait fait un bien fou sur la gestion et l’alternance et peut-être que cette année, il leur manque sur certains matchs. Maintenant, je les trouve dans la continuité de la saison dernière.
On va revenir sur le match aller qui était une rencontre très serrée et qui aurait pu tourner d’un côté comme de l’autre ?
Complètement. C’est ce que je te disais, à domicile, il y a beaucoup de matchs où on n’a pas été conquérants et des équipes ont récupéré quelques points de bonus défensifs dont Graulhet qui a complètement mérité ce point, ils auraient pu effectivement gagner, ils avaient été malins et bons sur la conquête. A nous de faire un gros match pour essayer de faire quelque chose à Graulhet, ça va être très difficile, c’est une équipe qui, généralement, lâche peu de points à domicile, on est qualifié mais on n’est pas encore certain de finir à cette 5e place donc il va falloir s’y accrocher. L’année dernière, je me rappelle surtout qu’on en a pris 30, ils avaient pris le bonus off donc on va y aller avec beaucoup d’humilité et beaucoup de respect pour cette équipe et ce club qui est un gros club de fédérale de l’époque, en tous cas un club fort avec une grosse identité et un beau vécu.
On ne va pas se mentir, vous avez un œil sur le match de Graulhet mais un œil aussi, voire une oreille, déjà vers ces play-offs dont on va parler. Quel est l’objectif play-off, prendre ce qu’il y a à prendre car c’est maintenant tout bonus ?
On a vraiment été match après match car on n’est pas capables de se projeter sur des blocs ou des choses comme ça, on est encore un peu jeunes dans notre façon d’aborder les matchs. Là, on sait qu’on est sûr d’être qualifiés, maintenant, on peut être 6 ou 5 donc l’idée est de surtout bien préparer dans le contenu ces play-off qui vont arriver. On devrait se déplacer, un barrage à l’extérieur n’est jamais évident, il y a la discipline, la conquête, plein, plein de choses comme ça qui vont être ultra importantes, l’adversaire avec le supplément de motivation, le public, l’arbitrage. Ce sont toutes ces données-là sur lesquelles il faut que l’on travaille, notamment avec ce match contre Graulhet qui est » une dernière répétition » à l’extérieur avant ce barrage qui devrait être à l’extérieur.
Concernant ce barrage, ce sera contre un club de la poule 2, potentiellement contre Rumilly ou Nîmes à l’heure actuelle ou peut-être contre Mâcon ou le Stade Métropolitain, entre autres. Est-ce que parmi ces clubs-là, il y en a un que tu redoutes le plus et quel est ton regard sur cette poule 2 qui est quand même aussi assez ouverte ?
Ta question est un peu piège (rires). Mis à part Fleurance et Auch qui étaient dans l’autre poule, ce sont des équipes que l’on avait l’année dernière et que ce soit le Stade Métropolitain, Mâcon, Nîmes ou Rumilly, ce sont 4 clubs que l’on a rencontrés la saison passée et ce sont des clubs solides. On a vu quelques matchs, car il y en a sur YouTube, et c’est bien un rugby solide avec une grosse conquête et une grosse occupation. On a des équipes qui sont un peu de ce profil-là dans la poule, on en a d’autres qui le sont moins et qui sont un peu plus joueuses et nous, on avait beaucoup appris la saison précédente en étant dans cette poule-là. On avait été en difficulté sur toute la première partie de saison, on avait su élever un peu notre niveau et prendre la mesure de ce que peut être le rugby de l’est et du sud-est c’est à dire effectivement avec une grosse conquête, une grosse occupation et une grosse défense. On a donc eu ces bases à un moment, cette année, c’est un peu plus ouvert dans cette poule de l’ouest et contre ces équipes-là, il faudra de toute façon être très performant sur la conquête, la discipline et sur l’occupation, c’est certain.
Si on suit tes propos, en clair, entre la poule de l’est et celle de l’ouest et comme on dit souvent, c’est » deux salles, deux ambiances » ?
Un peu mais il y a quand même des équipes formatées, je pense à Niort qui a un jeu qui se rapproche un peu de celui des équipes de l’est. C’est vrai que dans la poule de l’ouest, il y a quand même des équipes un peu plus joueuses comme Anglet, le Bassin d’Arcachon ou Rennes qu’on n’avait pas forcément la saison précédente. Ça nous a donc permis aussi de nous rendre compte qu’il faut toujours être alerte, dans ton camp comme dans le camp adverse, qu’il faut être capables de tout de suite être efficace sur les changements de statut, refaire le rideau quand tu perds le ballon car c’est ce qui est évité beaucoup les contre-attaques. Ils sont capables de faire beaucoup de passes devant la défense, il y en avait un peu moins l’année dernière et je pense qu’on le voit sur le nombre d’essais marqués, je n’ai pas trop regardé mais je pense qu’il y a beaucoup, beaucoup d’essais marqués dans notre poule, il y a peut-être plus de bonus offensifs aussi, c’est un peu plus ouvert. Ce qui est certain dans l’autre poule, ce que ce sont de très grosses défenses, il y a peu d’espaces. En tous cas, pour nous, c’est formateur étant donné que l’on reste quand même un club jeune avec beaucoup de joueurs qui ont connu la Fed 2 il y a quelques années de ça donc ils sont encore en formation par rapport à ce niveau-là.
Cela fait maintenant deux ans que tu côtoies la Nationale 2, certains se posent des questions sur le devenir financier de cette division mais c’est le registre des dirigeants. Dans ton registre à toi, celui du sportif, est-ce que tu trouves que cette Nationale 2 a lieu d’être et est-ce que c’est un beau championnat ?
Je vais te dire la même chose que par rapport à la Nationale car tu m’avais posé cette question pour la Nationale sur l’intérêt de cette division quand elle avait été créée par rapport à la Fédérale 1. Pour moi, c’est un intérêt sportif majeur, tant pour la Nationale que pour la Nationale 2, pour la préparation aux niveaux supérieurs. On le voit de manière assez concrète avec Périgueux qui a fait une année de plus en Nationale 2 ce qui lui a permis d’être au niveau de suite en montant en Nationale et d’y potentiellement jouer les play-offs alors que l’année précédente, même si Hyères-Carqueiranne La Crau s’est maintenu, ça n’a pas été le cas pour Rennes. En Fédérale 1, le niveau est trop hétérogène entre le haut et le bas de tableau, tu as peut-être 3 ou 4 matchs de haut niveau mais par contre, tu as beaucoup de matchs de niveau moyen et tu ne progresses pas. La Nationale 2 est très homogène, on le voit dans notre poule et dans l’autre où, sur les deux années, ça a toujours bataillé jusqu’à la dernière journée tant pour les descentes que pour les play-offs que pour les premières places. Le niveau est plus homogène et forcément, sportivement, quand tu joues des matchs durs tous les week-ends, tu progresses. C’est aussi plus intéressant intellectuellement, tu te demandes des choses, d’avoir des réflexions quasi systématiques pour essayer de mettre en place des stratégies. Pour moi, sportivement, que ce soit la Nationale 2 ou la Nationale, elles ont un réel intérêt.
Dimanche, dans le public de Pélissou, il y aura un spectateur, Mathieu Bonello, qui en plus d’être un coach local est un ami. J’imagine que ça va te faire plaisir de le revoir ?
Complètement. A chaque fois, on se voit là-bas depuis deux ans et même si on s’appelle de temps en temps, ça me fera plaisir de le voir, comme toujours d’ailleurs. Ça sera un grand moment d’échanges encore une fois.
Merci et on te souhaite une belle fin de saison du côté du Nord et du pays chtimi avec l’Olympique Marcquois
Merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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