Au cœur de la forêt des Landes, chez les Sangliers de l’US Salles, l’année 2024 a débuté au diapason de 2023. Les girondins ont inauguré leur retour sur le pré par une victoire importante et à la symbolique forte, en s’imposant sur les terres bretonnes des ex pensionnaires de Nationale : Le Rennes Etudiants Club. Leaders sans conteste de la poule 1 de Nationale 2, les promus sallois sont à quelques encablures de valider leur qualification en playoffs. Une situation que savoure le président de l’USS, Didier Dallet qui a profité de ce début d’année pour nous accorder un entretien. Celui qui mène le club depuis des décennies est revenu bien entendu sur la merveilleuse histoire vécue pour tout un club, mais a aussi souhaité mettre l’accent sur les valeur séculaires animant ce petit village d’Asterix rugbystique. Dans ce territoire qui respire à plein nez l’ovalie, on ne s’interdit rien et surtout pas de rêver à un printemps enchanté par les joutes de phases finales et leurs effluves si particulières.

On a entendu parler de village d’Astérix à propos de l’US Salles, ça colle déjà bien avec le nom de Sangliers mais avec ce que vous faîtes cette année face à de grosses armadas comme Rennes, Marcq-en-Barœul et autres, ça colle encore mieux ?
Je crois que ça nous représente bien, c’est en fait une belle image. Il y a en a qui parle de potion magique, on a vu que même Midi Olympique avait repris ce terme-là et oui, de toute façon, c’est un village gaulois avec quand même 650 licenciés. C’est une histoire, on a des racines fortes puisque le club a déjà joué en 1ère division et donc, on s’appuie sur ces racines, on va chercher des valeurs que nous ont inculquées les anciens pour que le club puisse exister.

On a l’impression que depuis quelques mois, avec déjà les belles années que vous avez vécues et les accessions en Fédérale 1 puis en Nationale 2, vous avez un peu réenchanté le rêve sallois ?
En fait, c’est partie d’une histoire, celle d’un groupe de joueurs et d’un groupe de dirigeants. On a fait prendre conscience à ce groupe de joueurs qu’ils avaient des possibilités de jouer à un niveau supérieur, ce n’était peut-être pas forcément leur objectif au début mais quand ils ont commencé à gagner et quand il y a des managers extérieurs au club qui ont commencé à leur expliquer qu’ils avaient la qualité, ils ont commencé à y croire. Maintenant, on est vraiment dans le sportif, tout le monde fait beaucoup d’efforts et s’entraîne énormément pour pouvoir atteindre nos objectifs mais en fait, on n’a pas d’objectif, on essaye de faire du mieux possible et on essaye de voir jusqu’où on peut aller.

On peut dire que vous entretenez la flamme de la dynamique de la montée ?
Oui, on est clairement sur une dynamique de montée depuis 3 ans. Il y en a qui disent qu’effectivement, les saisons sont très longues et c’est le cas, les saisons sont longues et les vacances sont courtes mais l’engouement est là donc ça nous permet d’exister et de mettre en place notre jeu rapidement. Globalement, on a gardé à peu près le même groupe, il faut le dire, on a eu quelques recrues qui sont venues nous aider mais on a une ossature de 25 / 30 joueurs qui sont là depuis trois ans, qui s’entraînent plus et on n’a pas eu à changer donc la manière dont ils se trouvent sur le terrain, les automatismes et les transmissions sont déjà là. Je pense que c’est parce-que l’équipe se connaît bien qu’on arrive à faire ces résultats.

Il y a quand même eu un nouveau point d’orgue le week-end dernier puisque vous êtes allés gagner à Rennes, dans un long et périlleux déplacement chez l’un des mastodontes de la division. A l’extérieur, vous avez montré qu’il faudrait compter avec Salles pour jouer les premiers rôles jusqu’au bout de la saison ?
En début de saison, tout le monde voyait Salles descendre, on était dernier de la poule chez tous les pronostiqueurs. Tout le monde parle, quels sont les favoris, quelles sont les grosses équipes capables de monter, etc, etc et nous, c’est quelque chose qui nous passionne. Avec nos moyens, on voulait aussi montrer que quand on se déplaçait, on ne se déplaçait pas pour faire de la figuration, qu’on pouvait perdre, il n’y a pas de problème là-dessus, mais que de toute façon, on essaierait de rendre la tâche difficile à nos concurrents. D’ailleurs, le président de Rennes m’avait donné la parole avant le match et il disait ne vouloir me laisser aucun point pendant la rencontre ce à quoi je lui ai répondu » écoute, ça fait longtemps qu’on n’a pas pris une tôle, on n’est pas venu ici pour faire de la figuration et je pense que si tu gagnes, il faudra peut-être t’en contenter » (rires).

En début de saison, on parlait de maintien du côté de Salles ou d’essayer d’aller arracher une place de barragiste en play-off. Là, le maintien est quasi assuré et, à une ou deux victoires, vous êtes sûrs d’être en play-off donc, pour un président comme vous, c’est quand même être dans un confort pour appréhender la fin de saison et commencer déjà à se projeter sur la prochaine ?
C’est vrai que c’est du confort. Effectivement, on ne parlait pas de qualification en début de saison, j’avais donné comme objectifs aux entraîneurs et managers de se maintenir et après Rennes, j’ai posé la question au manager de savoir si on était maintenus, il m’a répondu » il y a de grandes chances président « . Je lui ai donc dit » maintenant, il va peut-être falloir qu’on pense à autre chose et à la qualification « , c’est vous qui le dîtes mais, en effet, on est à deux victoires de la qualification et, comme depuis le début, on va essayer de les obtenir le plus rapidement possible. On se prend au jeu et on essaye de faire du mieux possible mais surtout de se faire plaisir sur le terrain, je pense que c’est important mais effectivement, on n’est pas très loin de la qualification.

Quel est le prochain objectif après la qualification ? L’accession ?
Ce n’est pas du tout un objectif au niveau du club, en tous cas pas un objectif que les dirigeants et moi-même avions fixé. Vous savez, à Salles, tout part de la base donc on a 6 / 7 joueurs en équipe première qui ont été formés au club dont les 2 capitaines qui ont une aura assez importante sur le groupe. D’abord, je parlerai avec les joueurs pour savoir ce qu’ils veulent faire car sans eux, on n’est rien et surtout, moi, ça ne m’intéresse pas forcément de jouer la compétition sans eux, comme certainement beaucoup de présidents. Je ne suis pas pour faire monter le club à tout prix, je veux qu’on garde une âme et une solidarité donc j’en parlerai d’abord avec les joueurs, ensuite avec le staff et en fonction de ce qu’ils vont me dire, on réunira les dirigeants et les partenaires. Je pense que tous les joueurs savent qu’on est au maximum de nos possibilités en termes financiers donc on jouera avec nos moyens mais je pense que nos moyens sont importants.

Quand on prend une présidence, on sait que ce sont souvent des moments compliqués mais aussi de bons moments. Est-ce que vous vous imaginiez vivre d’aussi beaux moments à la tête de l’US Salles ?
Non, jamais je n’aurai pu envisager ça. Je suis arrivé au club il y a 30 ans, j’étais à l’époque éducateur à l’école de rugby, j’avais entraîné dans le passé, je m’étais occupé des moins de 16 dans les années 2000 avec pas mal de résultats. Je jouais encore à l’époque avec les anciens, Yves Appriou, Benoit Berthe ainsi que Jean et Serge Planthey et l’histoire de Salles, quand ils jouaient encore en 1ère division avec les fameux matchs contre Béziers, Grenoble, Perpignan et autres, a marqué tout un village mais aussi toute une région. Lorsque j’ai eu l’occasion de rencontrer le président Chérèque de Grenoble, on lui a demandé » est-ce que vous connaissez Salles ? » ce à quoi il a répondu » oui, je connais Salles, j’y ai joué et je me souviens des matchs à Salles « . C’est d’abord un village où il y a beaucoup de culture rugby et quand l’ancien président m’a demandé de reprendre le flambeau de l’USS, car il était malheureusement malade à ce moment-là, j’ai tout de suite perçu la responsabilité qu’il me donnait. Je ne pensais donc pas en arriver là mais quand on gagnait sur le terrain, je ne voulais pas que les joueurs soient frustrés et qu’on leur dise » non, on ne monte pas « . Ça voulait donc dire qu’il nous fallait une équipe dirigeante structurée qui pouvait dire » les gars, si vous vous voulez monter, nous, on va trouver les solutions pour pouvoir monter » et aujourd’hui, c’est comme ça que ça se passe. Ça viendra de la base, ça nous occasionne déjà pas mal de soucis en termes de structuration, on est en train de monter le centre de formation pour les jeunes et ça me tient particulièrement à cœur d’autant plus que l’on a des idées bien arrêtées sur ce que l’on veut faire sur l’orientation des jeunes et pas seulement sportive, on a beaucoup de partenaires au club donc je voudrai que ce soit aussi très professionnel. On va donc structurer le club pour qu’on puisse au moins se maintenir au niveau auquel on est aujourd’hui.

Pour fixer le contexte, de combien est le budget de l’US Salloise ?
Aujourd’hui, le budget est passé à un peu plus d’un million d’euro. Il sera certainement d’un peu plus l’année prochaine puisqu’on aura le centre de formation qui va venir en plus dans notre budget et on devrait être aux alentours d’1M1. Vous savez, lorsque je vois toutes les équipes que l’on rencontre, que ce soit Rennes, Marcq-en-Barœul, Cognac, la différence que l’on a avec ces clubs-là, c’est que toute la partie administrative, c’est à dire gestion du club, est gérée par des salariés chez eux alors que chez nous, elle est souvent faite par des chefs d’entreprises comme moi donc par des bénévoles. Notre limite est là car je ne pense pas qu’on ait encore atteint nos limites sportives mais je pense qu’aujourd’hui, nos limites sont administratives. On réfléchit à ça mais je pense que si demain, on avait une petite fée qui nous amenait un budget supplémentaire, je ne suis pas certain qu’on le mettrait sur les joueurs mais plutôt dans la structuration. Quand je parle d’un centre de formation, si on avait un peu plus d’argent, on le mettrait certainement là-dedans car on sait que demain, il faudra former des jeunes pour que ces jeunes aient envie de porter ce maillot au plus haut niveau. On ne se prend pas pour d’autres, on sait qu’on ne sera pas un club professionnel, on n’aura jamais les fondations pour pouvoir le faire mais jouer au plus haut niveau amateur, ça, ça nous intéresse et donc nous défendre grâce à notre formation.

En quelques mots, comment est-ce qu’on peut résumer ce club et l’ADN de ce club de l’US Salles ?
Par des valeurs. Si on résume ce club, il a été créé en 1904, on va donc fêter ses 120 ans, des racines, de la solidarité, de l’ambition et beaucoup d’amitié entre les joueurs et entre les dirigeants. C’est comme ça que l’on résume le club et c’est ça qui nous fait avancer.

Merci et on vous souhaite une belle fin de saison, à la hauteur de comment vous avez commencé, en faisant rêver toute la Nationale 2 et en montrant que sans avoir un gros budget, on peut faire de très belles choses avec une bande de copains et un club qui a des valeurs
Absolument, c’est ça le rugby. Merci beaucoup.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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